Je suis née dans une famille d’architectes et d'artistes à Beyrouth. Au beau milieu de la guerre du Kippour, bercée par le bruit des bombes, bienvenue sur la planète terre !
Possibilité d’un aller-retour illico presto, finalement je choisis de rester, mais avec cette peur qui ne m'a plus quittée…
A l’âge de 5 ans nous avons quitté Beyrouth, avec le dernier avion de la scandinavian airlines. Ensuite plusieurs déménagements se succèdent : Norvège, sud de la France pour finalement s’installer en Suisse, en terrain "neutre". Des années de déménagements qui ont été, c’est certain, déterminantes dans ma faculté d’adaptation ! Je me suis longtemps posée la question sur ce que j’étais bien venue faire dans ce chaos, et pourquoi avais-je tant voulue naitre dans une région aussi tourmentée par des millénaires de conflits dogmatiques et religieux…
De ces premières années est né la sensation d’apatride, de ne pas réellement savoir où étaient mes "racines". C’est des années plus tard, que j’en ai compris toute la symbolique! J’ai grandie en étant une fille rêveuse et timide. J’ai passée une bonne partie de mon enfance à rêver, à rêver d’un monde idéal, d’un passeport différent, comme nostalgique d’un ailleurs plus ... harmonieux.
Une manière toute particulière que j’avais de ne pas dire « oui » à mon incarnation terrestre, mais également à mon incarnation de femme. J’ai nourri mon intellect, beaucoup. J’ai étudié encore et encore pour comprendre, maitriser. Ce qu’on nous donnait à vivre ici-bas ne pouvait décemment pas se résumer qu’à ça ! Pour recevoir reconnaissance de mes pères – pairs – et honorer mes lignées masculines (tous des architectes !), mais aussi par fidélités transgénérationelles, j’ai étudié l’architecture. Mes études terminées je me suis lancée dans la création de mon agence d’architecture, des myriades de projets ont vu le jour, et je me suis transformée coûte que coûte en chef de projet !
J’ai usé tant que j’ai pu des attributs du masculin, mais mon corps me rappelait que j’étais bien une femme ! Deuxième division, après la guerre, celle de la division à l’intérieur de mon corps.
Et là, premier arrêt sur image…. message de la vie… après un grave accident de voiture à 31 ans, d’où je re-sors vivante mais avec tout le côté gauche de mon corps paralysé (notre côté gauche représente le yin, notre féminin). 1 an de ré-éducation pour ré-apprendre à marcher… peut être une invitation de la vie à m’enraciner, à enfin poser mes 2 pieds sur la terre… mais vaille que vaille, chassez le naturel et il revient au galop… je remets mon casque de chantier…
Mais la naissance de mon fils me rappelle à nouveau à mes attributs de femme et cette fois ci de mère…. c’est ma seconde naissance sur cette terre ! Plus possible d’échapper à ma polarité, ni au désir de mon âme : celle d’être une femme ! Début d’un long voyage initiatique qui m’a emmené à regarder en profondeur mes inexplorés a explorer, ou comme le dit si bien Arouna Lipschitz : "mes inaccomplis à accomplir". J’ai compris que mon seul salut était de dire "oui", un grand "OUI" à mon incarnation terrestre et à mon incarnation de femme. "Dire oui à sa naissance/incarnation. Sinon on reste prisonnier du fameux traumatisme de notre naissance, de cette division de cette coupure avec un ailleurs "*. Ce que de nombreux thérapeutes appellent la "nostalgie de l’ailleurs". Que chacun d’entre nous ressent plus ou moins consciemment.
Ce voyage initiatique on le fait rarement seul(e). On a tous besoin à un moment dans notre vie d’un accompagnateur, d’un enseignant, d’un thérapeute pour retrouver la volonté de servir nos désirs d’âme… Les principaux artisans de mon alchimie ont été Rose et Gilles Gandy**. C’est au travers la découverte de la médecine symbolique que j’ai saisie toute la symbolique de nos voyages d’âme. Et l’importance essentielle de prendre la responsabilité totale de notre histoire personnelle. La guerre originelle n’était qu’autre que la division de mon origine.
Enfin ma chute en incarnation pouvait se transformer en aventure. La grande aventure de la vie pouvait enfin commencer, en cette deuxième partie de ma vie ! Pour ça, il a fallu dire "OUI" à toutes mes expériences passées, à mes rencontres, en renier aucune au passage… dire un "OUI" à ma mère, à mon père (mais surtout "oui" à ma mère…), "OUI" à mes choix d’âme, "OUI" à mes lignées.
De nouveau, je renais… changement à 180 degrés. Changement de décor, besoin viscéral d’aller vers du nouveau, de me brancher aux désirs de mon âme, sinon je sens que je vais m’éteindre ou mourir.
S’en suis un changement de vie personnel éprouvant et professionnel passionnant et radical. Pendant 8 ans, je me forme à la médecine symbolique, chinoise, au yoga, et à l’ennéagramme.
Moi qui à 11 ans avais envie de faire médecine pour devenir psychiatre (et comprendre tous les mystères de l’esprit), je reviens à mes envies premières. Ne dit-on pas que nos envies de métier en tant qu’enfants sont celles de notre âme ?…. Je renoue avec l’émotion de peur de ma naissance, de profonde insécurité, peur de l’inconnu… je les traverse, et plus je les traverse et plus je reçois des cadeaux. Je comprends que la vie est un puzzle, qu’aucun morceau n’est à jeter, toutes les pièces ont un sens. Si on met une pièce de côté, impossible d’avancer. J’assemble les morceaux de mon puzzle, et commence à en saisir l’image…
J’apprends enfin à prendre soin de mon corps, je découvre l’intelligence incroyable, qui plus est innée, de mon corps ! Après l’avoir délaissé pendant tant d’heures assise sur une chaise à étudier pour "nourrir" mon intellect. Je me réveille tous les jours à l’aube pour ma pratique de yoga, pendant des années j’apprends à doucement ouvrir, sentir et revenir dans mon corps. J’apprends à écouter mes envies, mes intuitions, à me re-brancher à mon féminin… à ma base sacrée, à la terre, à ma matière… un saut quantique vers moi, et à 42 ans je deviens enseignante de yoga, thérapeute et formatrice en ennéagramme.
Je découvre l’amour d’être en lien, la joie profonde de partager, d’accompagner les gens vers leurs envies d’âme, leurs désirs profonds, et leur permettre de voir leur miroir. Pour s’accomplir, devenir entier, réparer tout ce qui à été divisé par nos résistances et nos refus. Dire "oui" à la place de tous les "non" mis sur nos expériences, nos "non" des choix de notre âme. Ça coule en moi et je me sens en-vie, reliée à mon en-vie de transmettre et d’être au service de la vie et du vivant. L’aventure terrestre peut continuer ! Merci à mes parents, à tous mes enseignants et à mes sœurs d’âme (elles se reconnaitront). *Arouna Lipschitz, la voie de l’amoureux – https://lavoiedelamoureux.com **Rose et Gilles Gandy – https://www.medecinesymbolique.com
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